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ATTAQUE II DE NOUAKCHOTT

L’Attaque II de Nouakchott

 

Le 03/07/77à 17H30, une année jour pour jour après la première attaque de Nouakchott où le fondateur du Fpolisario El Wely Moustapha Seyid allait trouver la mort, le FPOLISARIO attaque de Nouveau la capitale, Nouakchott.

 

La colonne, initialement regroupée dans l’Adrar Souttouf, s’est infiltrée vers Nouakchott vraisemblablement en franchissant, de nuit, la voie ferrée entre Dhi Bilal et Souweidiyatt en empruntant Tasiast qui permet le déploiement en cas de découverte, évitant ainsi le terrain canalisé de Tijirit, qu’elle finira par utiliser au niveau d’Imelli Tourarine. Connaissant parfaitement bien le terrain et le positionnement des populations dans la zone, la colonne a évité tout contact avec les populations à l’aller. Elle passera entre Akjoujt et Benichab.

 

Très tôt ce Mercredi 03 Août 1977 à 07H00 le chef d’arrondissement de Bénichab finira par recevoir une information faisant état du passage la même matinée, à Najiya (TIJIRIT) de 35 véhicules dont deux camions et en informe le commandant du secteur 7 de passage à Akjoujt, le Capitaine Ahmed Ould Minnih.

 

Le renseignement est immédiatement transmis à L’Etat-major National qui notifie au Cdt du Secteur 7 de rentrer sans délais à sa base de Jreida, tout en effectuant une reconnaissance vers Benichab pour confirmer ou infirmer le renseignement. Toutes les formations de l’armée, de la Gendarmerie et de la Garde sont mises en alerte maximum.

 

En début de semaine, une escadrille de Defender s’était rendue la veille à Néma pour vérifier un renseignement faisant état de la présence ennemie dans la région, qui s’avérera par la suite être une manoeuvre de diversion de l’ennemi pour éloigner les avions suffisamment loin de son objectif, pour lui permettre d’exécuter son action, sans se faire repérer par l’ennemi aérien.

 

Faute d’avion militaire disponible à Nouakchott, un Navajo d’Air Mauritanie est réquisitionné et mis à la disposition de l’armée Nationale. L’avion décolle vers 16H00, avec à son bord le Sous-lieutenant Ahmedou Bamba Ould Lelle, effectue une reconnaissance du quadrilatère Nouakchott – Benichab - Tijirit - Akjoujt et rentre à 17H30 en rendant compte qu’il n’a décelé aucune présence ennemie dans cette zone.

 

Un Defender décolle d’Atar à 18h00, effectue la reconnaissance de la même zone et, fait le même compte-rendu que le Navajo. En fait, pendant que les avions recherchaient la colonne du Fpolisario à 200 kilomètres, elle était tapie sous ses filets de camouflage à une dizaine de kilomètres de Nouakchott.

 

Vers 19H les positions installées à 5 km de Nouakchott, ouvrent le feu sur l’ennemi qui arrive à leur portée. Tirant le maximum de sa puissance feu et de sa supériorité numérique, l’ennemi tente de mettre à profit l’effet de surprise, bouscule la pointe avancée ligne de défense qui fait un bond en arrière et se rétablit sur la même ligne de défense que les autres positions qui résistent à la poussée ennemie. L’artillerie ennemie harcèle de loin la ville de Nouakchott. L’Etat-major National, dont le staff était compose du Lt-Colonnel Ahmed Ould Bousseif, Chef d’Etat-major, Le Commandant Soumaré Silmane, adjoint opérationnel et le Capitaine Diop Abdoullaye comme Chef du Troisième Bureau, réagit immédiatemment conformément à un plan de défense préétabli. 
 

Les éléments d’intervention et les renforts sont immédiatement mis en oeuvre. L’escadron d’intervention est engagé par la route de Nouadhibou qui passe derrière l’Hopital National vers les Emetteurs. Une section de la Compagnie du Quartier Général (CQG) est envoyée en renfort aux positions avancées, en passant par le Ksar. L’escadron de la Gendarmerie (Escagend) est dépêché vers le château d’eau, au nord de la présidence où il sera rejoint un quart d’heure plus tard par deux sections renforcées de l’armée pour assurer la protection de la présidence.

 

Sur la ligne de contact, les affrontements font rage. Les fusils Mas 49-56, nouvellement en dotation dans les unités font merveille grâce à la précision de leur alidade de visée et les tirs des grenades à fusil antichars et antipersonnel, constituant une artillerie miniature avec un tir de barrage qui réussit à bloquer lla marche ennemie sur la ville. Les unités donnent un coup d’arrêt définitif à l’ennemi sur la ligne Beila-Emetteurs et érigent une défense ferme. L’ennemi tente la tactique de “la tâche d’huile” par des actions d’enveloppement sans succès.

 

Les forces amies reprennent l’initiative du combat et lancent des contre-attaques par alternance sur les flancs de l’ennemi avec les unités du secteur 7 et l’escadron d’intervention. Sous la pression des contre-attaques amies qui désorganisent son action, l’ennemi décroche vers 22H00. Les unités de Nouakchott procèdent à la remise en condition et la préparation pour une éventuelle poursuite.

 

Les commandants du secteurs 2, Le Commandant Mohamed Khouna Ould Haidalla, , du Secteur 3, le Capitaine Jeddou Ould Saleck et du Secteur 6, Le Commandant MoulayeOuld Boukhreiss reçoivent les ordres de se porter avec leurs unités respectivement sur Choum, Tmeimichatt et Akjoujt. Le commandant du Garim, le Commandant Mohamed Abdel Kader, reçoit l’ordre de ramener tous les avions disponibles à Nouakchott et, dès la première lueur du jour de rechercher et détruire l’ennemi en fuite, vraisemblablement au nord de la ligne  Akjoujt – Benichab, se repliant soit par Tijirit ou par l’Akchar.

Le Commandant du secteur 7 recherchera l’ennemi dans la zone comprise entre Nouakchott et Benichab.

Les unités du Secteur 2 (Zouerate) se prépositionneront, dès 05H00 du matin, pour une interception de l’ennemi sur la ligne, Choum - Leghcheouat – Touajil.

Le secteur 6 (Atar) est chargé de se rendre à Bénichab, en vue de relever les traces de l’ennemi.

 

Le 04/07 vers 09 heures, le bouclage de la zone comprise entre Choum et Tmeimichatt est entamé. Le commandant du Secteur 3 (Aousred) reçoit les instructions de se rendre en interception à Ben Ameira.

Le Commandant du Secteur 2 envoie un élément en patrouille, pour déceler tout ennemi tentant de s’exfiltrer en passant entre Choum et Ben Ameira.

 

A 18 heures, un ennemi est repéré à Ahmeyim. Le secteur 3 est envoyé intercepter cet ennemi, encore canalisé par les massifs dunaires, à la sortie nord de Tijirit, alors que le secteur 2 le remplacera en s’installant pour une interception éventuelle à Ben Ameira. L’étau se resserre sur l’ennemi. A 18H30, pour aérer le dispositif de bouclage, l’ennemi envoie un élément, initialement à Tourine pour son recueil, harceler Zouerate et change son itinéraire de repli.

 

Pendant un moment la stratégie ennemie semble réussir avec un léger flottement au niveau du dispositif général et l’envoi des unités du secteur 2 vers la ville. A 22h00 le harcèlement de Zouerate prend fin et le secteur 2 reprend sa mission initiale dans le dispositif de recherche et de destruction de l’ennemi. Le cdt secteur 7 (Jreida) rentre avec son élément à sa base.

Le Secteur 3 passe la nuit à Timtoudane, le secteur 6 (Atar) à l’ouest d’Ahmeyim et le Secteur 2 à Duguej, à 50 kms à l’ouest d’Aghouenit.

 

Le 05/07, vers 08H00, le secteur 2, en collaboration avec les avions qui resteront sur l’ennemi de 07H00 jusqu’à 17H00, accroche à Duguej la colonne ennemie qui se retire vers le nord et maintient le contact. Après ravitaillement à Tmeimichatt, le secteur 6 engage un ratissage à partir du lieu d’accrochage de Duguej vers le nord. A 17H00 l’ennemi est à 50 kms de Mijik, toujours talonné par le secteur 2 qui maintient le contact. Le Secteur 1 (Bir Moghrein), Initialement à sa base à Bir Moghrein reçoit l’ordre de se porter avant la tombée de la nuit à Meimoune. A 18H00, Le secteur 2 doit rompre le contact avec l’ennemi et éviter de s’approcher de Mijik où l’aviation amie interviendra sur l’ennemi déjà considérablement affaibli par les accrochages précédents.

 

Mohamed Lemine Taleb Jeddou

Extrait de “La Guerre Sans Histoire”

 

 

7 July 2023