PARTIE I
I - PREAMBULE
Après la dernière attaque du 19 Août 1977 sur la Ville de Zouérate où l’ennemi a subi d’importantes pertes humaines et matérielles, les unités qui, jusque-là s’étaient essentiellement confinées dans la défensive, reprennent l’initiative des combats. La combinaison efficiente des actions des unités statiques, des unités opérationnelles et de l’appui aérien donnent une nouvelle dynamique à la stratégie adoptée. Le système défensif des unités statiques devient plus performant avec l’aménagement du terrain et le renforcement des obstacles autour des bases. La mobilité des unités opérationnelle, grâce des quadrillages continus, renforcée par les reconnaissances aériennes quasi permanentes, rehausse le niveau du contrôle du territoire. L’ennemi qui commence à perdre de plus en plus du terrain suspend et s’oriente vers l’adoption d’une stratégie nouvelle.
Après quelques attaques qui lui seront coûteuses en personnels et en matériels sur les unités du Secteur Autonome de la Voie Ferrée, l’ennemi opte dès le printemps de l’année 1978 pour installer une base avancée dans une zone permettant des actions simultanées avec une économie de temps et de moyens.
Oum Dreiga, qui convient parfaitement à ce dessein, est un massif montagneux circulaire constitué d’un enchevêtrement inextricable de mouvements de terrains séparés par des oueds sablonneux, particulièrement défavorables aux mouvements des véhicules, mais très favorables aux combats défensifs. L’installation d’une base avancée dans cette zone serait mise à profit par l’ennemi pour mener des opérations contre les forces mauritaniennes et marocaines de part et d’autre de ce nouveau point d’attache avec allègement considérable du coût de son soutien logistique et de mener des harcèlements ponctuels, évitant ainsi l’ennemi aérien et gagnant des délais pour rejoindre sa base en profitant de la couverture nocturne.
La zone était d’une réelle importance stratégique car Oum Dreiga était pratiquement équidistante d’Aousred, de Bir Anzarane et de Zouérate et permettait ainsi de mener des actions dans les trois directions.
L’Etat-major National, grâce aux rapports et comptes rendus des unités et de l’aviation a accumulé suffisamment de renseignements sur la présence et les activités de l’ennemi dans la zone.
C’est ainsi que les forces mauritaniennes et marocaines décident de mener une opération combinée pour nettoyer cette zone. L’« Opération Oum Dreiga », l’unique opération combinée préparée et montée par les forces mauritaniennes et marocaines pendant cette guerre, sera planifiée dans la plus grande discrétion, pour être exécutée dans un carré de 60 kilomètres de côté, centré sur le massif d’Oum Dreiga.
II – LA CONCEPTION DE L’OPERATION
Cette zone, très éloignée de nos points de regroupement et des points de regroupement des amis, est en dehors des zones tenues et contrôlées par nos forces respectives, le point le plus proche étant Bir Anzarane à 140 kilomètre, est toute indiquée pour le déclenchement simultané de plusieurs opérations et sur plusieurs directions.
L’opération, qui se déroulera du 03 au 05 Mai 1978, engagera 4 Defenders dont deux seront positionnés à Zouérate et deux à Aïoun Smara, 3 sous-groupements mauritaniens, le Sous-Groupement 13, Commandé par le Capitaine Diaby Camara, le Sous-Groupement 11, Commandé par le capitaine Diop Abdoullaye de la 1ère Région Militaire et le Sous-Groupement 31 de la 3 Région Militaire, commandé par le capitaine Mohamed Vall Ould Lemrabott. Du côté marocain, 3 Détachements d’Intervention Rapides (DIR), un Sous-groupement motorisé basé à Zouérate, une escadrille de F5, un Super King et un S 330 prendront part à l'opération. En outre l'opération bénéficiera d'un appui aérien fourni par les forces françaises installées dans la Base Aérienne de Dakar.
Les populations éventuelles vivant dans cette zone peuvent être considérés, bon gré ou malgré, comme acquises à l’ennemi.
Du côté marocain, récemment optant pour les combats offensifs, les unités amies ont repris l'initiative des combats en infligeant à l'ennemi de sévères pertes, en particulier dans le nord de la Saguia El Hamra. Cependant le sud du Secteur de Laayoune, étant plutôt éloigné de leurs bases, les unités amies ne s'y manifestaient qu'exceptionnellement avec des patrouilles et reconnaissances ponctuelles, limitées dans le temps et dans l'espace, en raison de l'élongation des distances et des contraintes logistiques.
Conscient de cette situation, fortement affecté par les lourdes pertes subies lors de ses attaques sur le Secteur Autonome de la Voie Ferrée et déstabilisé par les reconnaissances continues des unités opérationnelles et des reconnaissances aériennes, l'ennemi a jeté son dévolu sur cette zone éloignée et peu fréquentée où déjà il avait aménagé des dépôts et caches de munitions et de carburant pour ses ravitaillements lors de ses passages en infiltration ou en esquive, particulièrement dans les massifs d'Iriguine et d'Oum.
L’ennemi y aurait installé une force estimée à deux katibas et une forte unité de soutien logistique, bien camouflées et bien agrippées au terrain qui n’en sortaient qu’à la faveur de la nuit pour s’approcher de ses objectifs sous le couvert de l’obscurité.
En cas de rencontre, l’ennemi peut soit s’esquiver vers une zone refuge en menant un combat retardataire ou s’accrocher au terrain très favorable au combat défensif en attendant l’arrivée de renforts probables, en provenance de Bir Lehlou.
Les fréquentes reconnaissances aériennes et terrestres ont confirmé que cette zone, à partir de laquelle, l'ennemi a probablement mené ses dernières actions, était très fréquentée et susceptible d'être une zone d'implantation quasi permanente, avec un probable élément guet-alerte au niveau de Mijik.
Colonel/R Mohamed Lemine Taleb Jeddou
Extrait de « La Guerre Sans Histoire »
(À suivre)